Les récentes politiques gouvernementales accélèrent la transition de la gestion des matières organiques vers des voies de valorisation telles que le compostage. Cette technologie simple a largement fait ses preuves. Cependant, dans la perspective d’une éventuelle mise en marché du produit final, la présence de contaminants dans les gisements de matière première est un enjeu indéniable pour les opérateurs. Les contaminants, tels que trouvés dans la biomasse issue de l’entretien d’infrastructures vertes, ont en effet un impact sur le processus de compostage et qualité du compost produit. Les microorganismes responsables de la dégradation de la matière organique s’en trouvent également affectés, modifiant la diversité et l’abondance des espèces et favorisant la prolifération de bactéries tolérantes aux contaminants retrouvés. De prime abord problématique, cette situation fait pourtant du simple tas de compost un bioréacteur performant qui offre un potentiel inexploité de bioprospection pour des espèces encore peu étudiées et pouvant être utilisées dans plusieurs industries: compostage, phytotechnologies, agriculture, agroalimentaire ou encore dans le domaine de la chimie verte.

 Dans le cadre d’un projet financé par le programme Mitacs Accélération, l’étude vise à évaluer le potentiel du compost comme source d’innovation. Il sera notamment question de 1) Mesurer l’effet de contraintes environnementales sur la survie, la diversité et l’abondance des bactéries dans un compost mature, 2) Isoler et caractériser des bactéries psychrophiles, thermophiles et xérophiles résistantes aux métaux et 3) Faire un criblage en serre des microorganismes isolés et évaluer leur potentiel dans un contexte de bioremédiation de sol contaminé. Les résultats obtenus pourraient mettre de l’avant le compostage pour le traitement de biomasse contaminée tandis que l’isolation de microorganismes résistants aux métaux et à des températures variables pourrait permettre une optimisation des techniques de bioremédiation et phytoremédiation dans les conditions climatiques changeantes et sous le climat froid du Québec.

Le compost, un bioréacteur largement sous-exploité pour la prospection d’organismes d’intérêt

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Des racines pour stabiliser les berges